Le métro

Jeudi 2 février 2012
Metro-Paris-Rame-MF77-ligne

Un rendez-vous à l’autre bout de la ville. Merveille de la technologie ─ ou pas ─, il est dans ce cas hors de question d’y aller à pied. A moins que vous suiviez à la lettre les conseils des magasines féminins : « Marchez pour avoir de belles fesses ! » Mais là n’est pas la question.

Alors je disais, un rendez-vous à l’autre bout de la ville. De longues minutes qui paraissent durer des heures, on regarde sa montre, on tripote son portable, on écrit des sms à n’importe qui pour finir par le ranger avant de l’envoyer, on regarde ses chaussures, on fixe le plan de la ligne en espérant que le métro accélère, on compte les stations restantes à chaque station pour estimer la durée qu’il nous reste, on regarde les autres et on se demande où ils vont… Pour enfin arriver à destination.

Mais je ne vous ai pas parlé de vos compagnons de voyage qui ont partagé ces instants merveilleux en votre compagnie :

(Ce qui suit est dénué de tout préjugé, bien entendu. En plus, moi, j’adore prendre le métro.)

Les encombrants

Se retrouver coincé entre un sapin de Noël, un matelas et 2 ou 3 grosses valises de voyage, c’est le pied ! On essaie de se faire tout petit, mais au mieux, on a réussi à se prendre 3 fois les branches du sapin dans la tronche. Aux excuses des propriétaires, on répond qu’évidemment ça ne nous dérange pas. Bah oui, on est poli quoi.

Ceux qui s’embrouillent

Un pied écrasé, un coup de sac dans le ventre et c’est le drame. « Excuse-toi au moins ! » S’ensuit un échange des plus raffiné dans lequel certains passagers vont même intervenir, invités à prendre part à la dispute. J’aime à dire que ça met de l’ambiance.

Celles qui « gossip »

Les derniers potins. Les dernières anecdotes croustillantes. « Quoi, Paul s’est remis avec Vanessa ? » « Mais, c’est pas cette Vanessa qu’on a vu à la dernière soirée, dans les bras de Jérôme ? » « Non, tu confonds, c’était Tiphaine. Parce que Vanessa, elle a eu une aventure avec Emilie entre temps. » « Non, t’es sérieuse ?! Waaah je savais pas ! » Bien fort, histoire que toute la rame de métro profite de la discussion, compte les points et se fasse ses propres petits scénarios dans leur tête.

Ceux qui parlent boulot

Que ce soient les étudiants ou les businessmen, ils parlent boulot, mangent boulot, vivent boulot et respirent boulot. Enfin, c’est ce qu’il y paraît. Eux aussi parlent fort. Et personne n’y comprend rien. Sauf eux. C’est bien le but à la base non ?

Celle qui lit

Sur un strapontin, ne semblant pas se rendre compte qu’il y a foule autour d’elle, elle continue tranquillement sa lecture alors qu’on manque de s’écraser sur elle à chaque station. Personne n’ose la déranger dans sa lecture qui semble tellement passionnante et tout le monde s’en accommode sans piper mot.

Celle qui chante

Tout d’un coup, une femme entre dans le wagon et se met à chanter. Avec un caddie redécoré pour l’occasion, équipé d’un ampli du tonnerre. Nouvelle ambiance pour les 2 stations à venir. Certains lèvent la tête, puis la baissent, pour retourner dans la contemplation du magnifique paysage qui s’offre à eux ─ un tunnel tout noir rempli de tags que l’on ne peut vraiment discerner.

Celui qui joue

A la PSP le plus souvent. Ou sur l’iPhone. Et il met le son, tant qu’à faire. Pour faire profiter son entourage. On pourra même apercevoir certains passagers jeter des coups d’œil furtifs par-dessus l’épaule de « celui qui joue » pour voir son score à Doodle Jump ou Angry Birds. « Oula, il est fort, il va falloir s’entraîner ! »

Celui qui pue

Plusieurs raisons possibles : l’abus de parfum, les 2 heures de musculation à la salle de sport, l’haleine fétide (trop d’ail tue l’ail !). Pas de bol, retenez votre souffle.

Le pervers

Vous êtes là, avec votre petite jupe et vos jolis talons ─ business meeting oblige ─ quand un  homme d’un certain âge entre dans votre rame de métro. Avec son costume bien coupé et son gros ventre, preuve d’un déjeuner copieux, il vous regarde d’un air vicieux, vous déshabillant du regard. Pire, il essaie de vous lancer des œillades complices ou d’engager la conversation. Vous n’avez qu’une envie à ce moment là : claquer des doigts et vous retrouver habillée de votre combinaison de ski, pour éviter les regards lubriques de ce vieux pervers.

L’accordéoniste

Il entre dans le wagon et joue ─ joyeusement ou pas ─, un petit air bien connu sur son accordéon. Moi, ça m’impressionne toujours, les gens qui jouent de l’accordéon. T’as les petits boutons, les touches comme au piano et en plus, faut faire danser l’espèce de soufflet là. Non vraiment, ça fait trop. Il joue un p’tit air bien connu avant de sortir furtivement avant que les portes ne se ferment. Manque de bol, j’ai jamais de monnaie sur moi, alors le gars ne saura jamais que ça m’a impressionnée. Tant pis.


La foule

Et il y a les autres. Ceux qui constituent la foule. Métro bondé, plein à craquer, c’est le cauchemar. Surtout le matin à l’heure de pointe, quand on arrive au boulot. Ou le soir, quand tout le monde se rue pour avoir une place et espérer arriver 3 min plus tôt qu’avec le métro suivant. C’est convivial le rangement en mode sardine. Un souffle chaud dans le dos, une main qui vous touche les fesses sans qu’on sache vraiment si c’est volontaire ou non. Alors on utilise son sac à dos, ou son sac à main, comme bouclier.
Et c’est la délivrance quand le métro arrive à destination et que vous descendez enfin. Si vous le pouvez. Allez, c’est l’ultime étape, enfoncez tout ce qui se trouve devant vous et vous retrouvez enfin l’air frais ─ enfin l’air quoi.

 

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